Édouard Pinto
Homme • Acting
Issu d'une famille de banquistes portugais qui auraient voulu pourtant le détourner du métier, Édouard Pinto débuta à Madrid à l'âge de 8 ans Acrobate avec son frère Antonio dit Tonito, après une blessure aux genoux il se fit plutôt auguste, sous le nom de Pif-Paf A 18 ans, avec Antonio, il fut remarqué dans un spectacle à Barcelone par le cinéaste Segundo de Chomon. Celui-ci commença par filmer, en Espagne, une entrée: le clown est assis, lisant son journal, quand survient son compère qui enflamme les pages et finit par mettre le feu au chapeau du premier. Comique simple... Invité par Chomon à venir travailler à Paris, Édouard Pinto profite d'un contrat pour revoir le metteur en scène qui l'a fait débuter à l'écran. Vaillamment, il travaille à la fois chez Pathé le jour et le soir au music-hall ou au cirque. Après un an chez Pathé où il est resté un interprète anonyme, Pinto passe chez Éclair, où semble avoir débuté la série Teddy, puis chez Éclipse où il met au point sa silhouette d'auguste: costume trop grand, chapeau melon, immenses godasses. On lui demande, raconte-t-il, de trouver des sujets qui pourront plaire au public anglais.
C'est alors que Pinto retourne chez Éclair où il prendra le relais de Lucien Bataille dans les suites de Protéa. Entre autres prouesses on le verra sauter d'un cheval au grand galop dans l'automobile qu'il poursuit. Francis Lacassin situe dans les semaines qui précèdent la mobilisation de 1914 de tardifs Nick Carter signés Joe Hamman, qu'interprète Edouard Pinto comme le confirmera un article consacré le 1er juin 1923 par Ciné-Miroir à « l'intrépide Teddy ». La guerre ayant éclaté, Pinto sert dans la Légion étrangère. Il est réformé en 1916, mais se sent animé d'une ferveur patriotique dont il offre une démonstration dans Les Poilus de la 9° où, devenu le caporal Parisot, il poursuit à motocyclette un espion en automobile, sautant pour finir dans le véhicule afin de u saisir le misérable à la gorge ». L'ancien clown est devenu héros. C'est toujours par ses exploits physiques qu'Edouard Pinto, continuelle ment appelé Teddy, se montre alors indispensable aux metteurs en scène, quelles que puissent être les intentions sentimentales ou cocardières du scénario, En 1949, il se déclarera fier d'avoir pu prouver, dans Les Poilus de la 9°, qu' «un acrobate arrive très bien à faire pleurer », Ce n'est pourtant pas pour ses talents dramatiques qu'on continue de le solliciter. A propos de son interprétation d'une œuvre de Germaine Dulac Le Bonheur des autres, Louis Delluc note dans Le Film du 15 avril 1919: «Teddy, comme il convient, fait tous les métiers, y compris celui, moins défini, d'homme qui saute du haut du troisième étage. Il a ce flegme maître-de-soi-et-de-tout qui enchante chez les excentriques d'outre- mer. » En burlesque costume à carreaux, le reporter boute-en-train et aventureux qu'i incarne dans Le Fils de la nuit se nomme encore Teddy. Après de nouvelles et ultimes prouesses acrobatiques dans La Dette de sang de Gérard Bourgeois en 1923, Édouard Pinto dit Teddy n'apparaîtra plus à l'écran. Il se fera professeur de danses modernes. «Je suis devenu champion du monde des sessions de vingt-quatre heures », déclarera- t-il en 1949. Il prendra congé définitive ment au cours des années 1960