Nadia Sibirskaïa
Femme • Acting
Germaine Lebas, dite Nadia Sibirskaïa, née le 11 septembre 1900 à Redon et morte le 14 juillet 1980 à Dinard, est une actrice française.
Elle est l'actrice privilégiée et la compagne du réalisateur Dimitri Kirsanoff, qui la fait tourner dans une dizaine de ses films. En 1931, elle épouse André Ducass, cadre commercial d'une grande firme de soierie. Le couple a une fille, Frédérique, née en 1944. Alors âgée de 23 ans elle incarne un personnage à tous les âges de sa vie : fillette, jeune femme, vieillarde. Sa performance et son jeu naturel sont remarqués par la critique.
Le deuxième film qu'elle tourne sous la direction de Kirsanoff, Ménilmontant, connaît un très grand succès. L'actrice est remarquée à travers l'Europe. Elle est invitée par la compagnie Gainsborough pour tourner à Londres dans un film d'Adrian Brunel. Suivent trois autres films mis en scène par Kirsanoff, dont Brumes d'automne, poème cinématographique, où les gros plans sur le visage de Nadia Sibirskaïa s'inscrivent dans un triste paysage de pluie et de feuilles mortes.
Remarquée par Julien Duvivier, Nadia Sibirskaïa se voit confier en 1930 le rôle de Geneviève Baudu dans Au Bonheur des Dames, aux côtés de Dita Parlo. C'est son dernier rôle dans le cinéma muet. Elle doit ensuite à Jean Grémillon de tenir le rôle-titre de La Petite Lise dans ce qui est, pour l'un et pour l'autre, leur premier film parlant.
Le tournage du film, Rapt, a lieu en 1933 en Suisse, dans un village du Valais. Elle y incarne une fiancée délaissée, victime indirecte d'un conflit entre deux communautés hostiles. Sa capacité d'exprimer à la fois la fragilité et la souffrance retient l'attention de la critique et du public.
Par la suite, on la retrouve au générique de films moins notables, dans des emplois éloignés de ceux qui ont fait sa notoriété à la période muette. C’est la rencontre avec Jean Renoir qui offre à Nadia Sibirskaïa l'occasion de ses plus belles apparitions sur les écrans français des années 1930, avec des rôles délicats, bien ajustés à son style et à sa personnalité. C'est d'abord Le Crime de monsieur Lange, où elle incarne Estelle, jeune fille sincère accablée par les infortunes de la vie, enceinte des œuvres d'un séducteur sans scrupules (l'odieux Batala, incarné par Jules Berry). On la retrouve ensuite dans une scène émouvante de La vie est à nous, où elle est l'épouse d'un ingénieur au chômage qui se met au service de la cause ouvrière. Enfin, dans La Marseillaise, elle se voit confier le rôle de Louison, gentille fille du faubourg Saint-Antoine, à laquelle elle prête un visage rayonnant au milieu de la tourmente révolutionnaire.
Pendant l'Occupation, elle fait plusieurs expériences au théâtre et, encouragée par Suzy Solidor, elle décide de monter un tour de chant. Ce projet est annulé à la dernière minute. En effet, alors que Nadia Sibirskaïa héberge chez elle des personnes vivant dans la clandestinité et en attente de faux papiers, elle est victime d'une dénonciation. Arrêtée par la Gestapo, elle est incarcérée pendant quatre mois à la prison de Fresnes.
Après la guerre, Nadia Sibirskaïa, avec son mari et leur fille, fréquente régulièrement la cité balnéaire de Dinard, où elle s'installe définitivement en 1960, jusqu'à son décès survenu en 1980. Elle est inhumée dans le cimetière de Médréac. Sa tombe porte pour seule inscription : « NADIA 1980 ».